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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 08:02

Bientôt deux mois que je n'ai rien posté. L'aquoibonniste  est entré en moi. Plus d'inspiration, des bribes de mots qui tournent en rond. Des métaphores inachevées, des miettes de pensées, des lettres bancales...

 

Je vous offre cette phrase péchée à l'oreille d'un invité radio, une expression tzigane.

" Faire couler les larmes dans les violons et les femmes pleurent à pleine bouche"...

 

 

Bonne journée

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LN

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:54

Aragon écrit Le paysan de Paris à l'age de 30 ans. Dans la veine surréaliste, il raconte une déambulation dans Paris, construit autour des descriptions précises des lieux, ponctuées des rêveries poétiques du narrateur. Ce roman lui a valu d'être fortement  critiqué par A.Breton qui lui reprocha une écriture construite et poétique, éloignée du surréalisme.

 

L'extrait moteur de la proposition d'écriture est celui où le narrateur s'arrête devant un coiffeur pour dames. L'auteur décline alors la blondeur,  dans toutes ces expressions.  La proposition d'écriture était de redonner couleur à une ou plusieurs expressions délavées par l'usage.

 

Ecrire spontanément en 30mn, dans le sillon d'Aragon, n'a pas été facile. Encore subjuguée par la beauté du texte, j'ai senti pendant quelques minutes, l'angoisse de la page blanche. Plus une seule expression  me vint à l'esprit. Puis je m'élançais à la première expression que je retrouvais...

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 Bête comme tes pieds. Toi qui cours, tu sais bien, tout comme moi, que tes dix doigts de pied, bien alignés dans tes mizuno, sont d'une intelligence fracassante. Qu'ils effleurent le bitume de la ville, caressent les chemins, épousent les rotondités, évitent les arrêtes des cailloux, ils élancent nos corps vers l'horizon. Quand nos ongles de pied n'en font quà leur tête, du bleu au noir, ils perdent pied et le coeur bat la chamade. Ces petons, charnus, un beau jour, nous ont propulsés sur les hauteurs du monde des grands.

 

Bête comme chou me va mieux. Un gros chou vert sans âme, délavé par la sécheresse, du vert blanchi au vert jaunâtre, d'un goût amer.

 

A ces sottises insensées, je préfère ces figures de style. Jolie comme un coeur qui  sied si bien à ces jeunes filles en fleurs, dont les joues se teintent de rose à l'éclat de cette phrase veloutée. Jolie comme un coeur, quelle élégance. Douceur de la métaphore. Quand lâme embrasse l'apparence.


En aparté, entre nous, beau comme un camion révélerait il l'homme qui les conduit ou les camions eux-mêmes. Ces engins lancés à vive allure, monstrueux, qui avalent la terre et transpercent les paysages. Effrayants, majestueux, ils renferment ces jolis coeurs, épinglés sous les regards furtifs des chauffeurs mal rasés.

 

Beau comme un appolon épouserait jolie comme un coeur et la terre deviendrait bleu comme une orange, dans le reflet de leurs yeux de chien battu. Emois en tourbillon.

 

Bête comme un répondeur sans message, bête comme un chien à trois pattes, une chaise à trois pieds.

Beau comme un coucher de soleil.

 

Un coeur d'artichaut a enlevé une jolie comme un coquelicot...

LN

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 11:15

" Ecrire c'est une respiration!"

Julien Green


Une semaine de formation à l'animation d'ateliers d'écriture, un temps suspendu, jubilatoire, foisonnant. Nous étions 10 à s'écouter, lire nos textes, questionner, chercher, écrire, rire, échanger nos trouvailles de lecture, s'émerveiller des écrits, si variés. Belle surprise cette aventure formative, à l'aube de mes vacances.

Je vous fais partager une de mes écritures, dont la proposition était: A  partir d'une incipit, laissez  filer,  aller à la rencontre de l' écriture  qu'elle appelle.

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 D'un seul coup, le ciel se minéralisa, il se fit schiste bleu de nuit.


Le silence se faisait tonitruant dans l'atelier. Elle s'arrêta, le geste suspendu et s'approcha de la fenêtre. La pluie, suspendue elle aussi, aux atermoiements des cieux.

- Un instant. Tu peux faire une pause.

Le modèle, un jeune homme timide, mit sa chemise  avec indolence. Il inspira une bouffée d'air, frôla l'artiste.

- Il va pleuvoir, c'est sûr.  

Elle ébaucha un sourire.

- Avant qu'il ne pleuve, je voudrais que tu t'installes sur la terrasse. Juste une pause de dix minutes. Le bleu, je veux trouver ce bleu.

- Je peux garder ma chemise?

- Bien sûr. 


Sa palette ressemblait à une terre lunaire sur laquelle des cratères de couleur se juxtaposaient. Bleu Roy, bleu turquoise, bleu de Prusse, un monticule de blanc, une touche de jaune. Séréna s'agrippa fermement à sa palette et d'un geste affirmé recouvrit le nu académique, à peine terminé. Son corps suivait la courbe de son pinceau. De quelques lignes noires, elle figura la silhouette du modèle en chemise bleu ciel, le détail du visage, les mains posées sur les accoudoirs, la tête légèrement penchée.


Quelque chose clochait.

Ce jeune homme l'agaçait, il était de trop.

- Tu peux rentrer, si tu veux, je vais poursuivre dehors.


Enfin seule. Il n'allait pas tarder à pleuvoir. L'odeur de la pluie s'insufflait déjà dans l'atmosphère humide. Son regard s'arrima au bleu nuit du ciel, qui devint noir. En un éclair, sa toile se couvrit de bleu Prusse. Elle ne maîtrisait plus son geste, les ellipses de ses pensées formaient un entrelacs de lignes, de courbes.

Il était là, derrière elle, à l'observer , sans le moindre souffle.

Elle creva la coquille de blanc avec son pouce, et impulsivement, une lumière émergea du bleu nuit de la toile.

Il osa -  Ca te ressemble.

En un quart de tour elle s'incrusta dans ses yeux.

- Tu peux me donner le tube de blanc?

Il acquiesça. Une coulée de lave blanche, toute fraîche  sortie du tube,  se déversa et inocula la matière bleuie. Elle avait trop chaud. Durant cette nuit là, sa frénésie l'emporta loin d'elle-même.


La pluie cinglait sur les vitres depuis déjà deux heures quand l'horloge afficha  6 heures. Le ciel était toujours aussi obscur, gris anthracite.


Quelque chose clochait.

Rémi s'était endormi sur le sofa, depuis longtemps. Elle avait achevé, pour un temps seulement, son œuvre. Elle se recula, chercha plusieurs points de vue pour regarder le tableau. Epuisée, saisie d'une certaine satisfaction, elle l'entendit lui chuchoter.

- Le jour ne se lève pas…

Ce serait le titre de sa peinture. Elle vacilla entre le mystère du bleu de Prusse et la frayeur de cette nuit immobile.


Bonne semaine

LN

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 08:06

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 " Il y a des gens qui portent en eux beaucoup de clarté, ce qui les rend presque reconnaissables"


 EVGEN BAVCAR, qui a perdu la vue, n'a plus la lumière, il a la vision.

Photographe d'origine slovène, aveugle depuis ses 12 ans


 

Phrase entendue à l'émission L'atelier intérieur: Depuis la fenêtre, voir. Lundi 8.07 23h France culture

 

Bonne Journée

LN

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 08:08

Dans la clarté matinale, sous l'ombre de mes rêves évaporés, la voix radiophonique m'a prise dans ses effluves littéraires et poétiques. Je vous offre ces pensées, ébauchées de mon esprit naissant, au petit jour.

 

Fragments sur la lumière...alors que Tanizaki, écrivain japonais écrit L'éloge de l'ombre. Un petit essai sur le goût et le sens de l'ombre. Opuscule aérien, une lecture tranquille sur la subtilité de l'esthétique japonaise, un art de vivre,  une invitation à philosopher.

Tanizaki montre comment le Japon a su retrouver ses lumières, en agissant sur le décor des maisons. L'Europe lui paraît trop lumineuse, affamée de clarté,  n'aimant que les surfaces étincelantes, les objets rutilants. Au Japon, les maisons sont emmitouflées de brume, de lune, ouatées de pénombre.

 

Délicatesse de l'aube...


  L' air incolore, dans le clair mêlé à l'obscur, compose l'azur

Léonard de Vinci (1452-1519)

Peintre, artiste, scientifique...

 

Il fait encore assez clair pour que je sache qu'il commence à faire sombre"

Hans Arp (1886-1966)

 Peintre, sculpteur, poète

 

 

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Takeuchi Seiho (1864-1942)

 

Bonne journée

LN

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 11:02

Faisons une première escale chez Socrate.

 

Socrate reprend à son compte  “Connais-toi toi-même” , une devise inscrite au frontispice du Temple de Delphes. Cette phrase prédit à l'homme que c'est par son  introspection, qu'il accédera à la connaissance de lui même, et à la sagesse. La connaissance est immanente à l'homme et non extérieure. 

 

 

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Platon et Aristote dans l’Ecole d’Athènes de Raffaello (Vatican)

 

Jean-Pierre Winter, psychanalyste (1), confronte cette maxime avec celle de Nietzsche: "Étonne toi de toi-même". Socrate fait l'impasse sur la division du sujet, sujet de l'inconscient, sur cette instance psychique qui nous échappe: "Le Moi n'est pas maître dans sa propre maison"', nous dit Freud. Le travail sur soi, aujourd'hui tenu comme la clef de l' épanouissement  ne peut être réduit à un processus continu et de prise de conscience.

 

Je me sens plus proche de cette pensée nietzschéenne.  Cet étonnement,  ce chatouillement de l'âme nous dévoile à nous même un fragment  de notre histoire,  la présence en nous de ce que l'on n' aurait pas imaginé, tout en sachant qu'on l'a toujours su. Connaissance masquée, révélée...L'étonnement de soi même ne peut être que discontinu, donné par effraction, comme dans une cure analytique. 

 

Nietzsche, qui avait une profonde aversion pour la psychologie,  dit encore " Évite de te connaître, laisse tes racines cachées en terre".  J-P Winter modifie cette proposition en disant " Laisse agir tes racines". Prendre soin de ne pas les  étouffer, ni les couper. Puis il conclut:  "Nous ne pouvons donc décidément pas nous connaître nous-mêmes tant nous ne sommes que des passeurs de ce que  nous ignorons."

 

A poursuivre...

LN

 

1 Jean-Pierre Winter, Transmettre (ou pas), Éditions Albin Michel, 2012.

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 19:26

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Adapté du roman éponyme de Yasmina Kadra, ex-officier de l'armée algérienne reconverti à l'écriture, le film de Ziad DOUEIRI, réalisateur libanais, nous donne un regard sobre, aiguisé  de  la complexité du conflit israélo-palestinien.  Au delà de la perspective géopolitique, ce dramerenvoie à des questions universelles, singulières, celles de l'altérité, l'engagement personnel, politique.


J'ai beaucoup aimé cette intrication des évènements tragiques et de l'histoire d'amour de ce couple, cet enchevêtrement des dimensions collectives, sociétales, politiques, appréhendées avec délicatesse,  sans manichéisme, sans parti pris, religieux ou politique, dans une intrigue intense. Ziad Doueiri mêle questionnement intime -connaît-on vraiment la personne dont on partage la vie ?- et politique, faisant entendre, en hébreux et en arabe, des personnages des deux parties du conflit.

 

 

Le film se concentre sur le drame humain de ce chirurgien dévasté et  qui peine à accepter la réalité. Son intégration paisible et réussie dans la société israélienne bascule brutalement dans la violence et le rejet. « Ce qui importe le plus dans le film, c’est ce qu’Amine apprend sur son couple et sur lui-même ».

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 Le premier rôle féminin, la kamikaze, revient à Reymonde Amsellem, juive israélienne, « parce qu'aucune Palestinienne ne voulait de ce rôle avec des scènes de nu ».

Le premier rôle masculin, le chirurgien, est joué par Ali Suliman, « arabe israélien, de culture arabe autant qu’hébraïque, très proche du personnage du livre ».

 

Le film de Ziad DOUEIRI,  est interdit au Liban,et dans les 22 pays membres de la ligue arabe (21 pays depuis la récente suspension de la Syrie), sous prétexte que certaines scènes ont été tournées en Israël, avec des acteurs israéliens.

 

Si chacun a son point de vue sur ce conflit et ses ondes de choc, ce film souligne la complexité des enjeux de société sur l'échiquier international et l'impossibilité de trancher, de se prévaloir d'une opinion stable. Face à cette vision kaléidoscopique, j'en suis sortie ébranlée...

 

Film fort...

LN

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 19:25

Heureux soient les fêlés, car ils laissent passer la lumière...

 

Michel Audiard

 

 

 


 

 

A Voir...

LN

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 11:30

 

Regard perlé

 

Michel-Ange du Bouton,

Sa pupille embrassa le pistil doré.

 

Sous les sépales, le calice endormi.

Il en effleura la chaleur soyeuse.

 

La corolle printanière,

S'éveilla au délice,

  en fondue enchaînée...

 

LN

 

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Bonne journée

LN

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 08:05

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Écrire pour donner une forme à la fois à ce qui nous tenaille et nous échappe


Jean Bertrand  PONTALIS

Philosophe, Psychanalyste, écrivain

 Bonne journée

LN

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  • : Chatouillement de l'Âme
  • : Au gré de mes états d'âme j'écris des nouvelles en épisode, des haïkus, des phrasés. J'expose mes tableaux, je vous fais partager mes impression sur les films, les expositions, les livres et j'organise des concours de jeux d'écriture, tout ceci sur fond musical. partage de la musique
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