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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 06:49

 

 

Depuis  1 an,  je vais  régulièrement à Dunkerque, une fois par mois, mener des interventions dans les maisons de quartier.

Dès la veille, je me prépare à un réveil très matinal. 5H30. Parfois, je me focalise sur cette nuit de sommeil qui sera trop courte et là, erreur,  insomnie assurée, la nuit devient blanche.  Pas même une heure de sommeil.  


Je me suis arrangée un  rituel du lever à 5H30. Sans bruit, dans la pénombre, je me verse mon café programmé. Retour sous la couette pour le quart d’heure du café au lit, dont la qualité, la saveur, la chaleur, vont colorer mon humeur du jour. Je grappille encore quelques minutes supplémentaires.  Ensuite rapidité, efficacité pour à 6H 15 au plus tard, partir. Ma nuit est parfois  blanche mais dehors c’est le noir complet. Pas un seul  store levé, une atmosphère de rue déserte ;  les noctambules déambulent et les journaliers en sont encore au café. Des silhouettes se sont effondrées sur le trottoir, d’autres s’invectivent bruyamment. Je presse le pas, je glisse mon ombre dans cette béance urbaine, j’atterris dans le tunnel. Je compte 3, 5 au plus debout, vacillant des restes de sommeil, le regard encore centré à l’intérieur de soi.  Une séance de mime.La rame déboule. Le jour commence.

 

 

Le train TGV  7969  partira à  7H. Je ne suis jamais à l’heure,  toujours au moins une demi-heure d’avance.

 

Eh oui je suis toujours là avant.

Avant celui qui doit arriver,

avant le départ,

avant le début,

avant les autres,

avant la pub,

avant toi,

avant que ça commence,

avant que çà ouvre,

avant les soldes,

avant l’été,

avant la sonnerie de mon réveil mais toujours après avoir bu mon café.


J’attends sans jamais être attendue, dans l’illusion que j’aurai tout mon temps, qu’il ne m’échappera pas. Je suis décalée horaire.   Ces minutes suspendues,  hors du temps, comme un temps en plus, je pense, j’écris, je regarde, je rêvasse…


Gare du nord. Paris-Lille.  Une première vague de pingouins, netbook en bandoulière, mobile à l’oreille, pressés, le pas rapide, cadencé, déferle sur  le quai.  

Certains ont le gobelet de café à la main, d’autres ont le journal. Quelques uns sont groupés, collègues en séminaire.  


Arrivée à Dunkerque 9H11. 1H 30 pour s’y mettre.  


Dans cette galerie ferroviaire, j’observe.


Il y a  ceux qui à peine assis ouvrent l’ordinateur et tapotent, froncent les sourcils, téléphonent, le timbre sérieux, costume 2pièces, réactif à tout écran, tactile ou non.


Il y a ceux qui finissent de se réveiller, la posture plus avachie. Ils  sirotent  leur  café, trempent un croissant, avachi lui aussi, regardent  par la fenêtre sans rien voir, hésitent entre s’installer dans cet espace étriqué ou l’effleurer dans un sommeil léger, les yeux fermés.


Il y a ceux dont le Mp3 deviendra  leur couette regrettée,  tapis au fond du siège,  ils ne sont pas là, ne pas déranger.


Il y a ceux qui, à plusieurs, sont déjà au boulot, en réunion. Ils s’agitent,  gesticulent, rient, discutent. Un  décollage-atterrissage,  sans envol.  


Et il y a moi ? Qui à l’aller, dans les premières minutes  me laisse bercer par le mouvement, transportée par  l’idée de partir. Être transportée ailleurs, l’effet du train, des paysages traversés, déjouer le temps quotidien. Installée,  selon mon humeur, je m’enfonce dans le sommeil éveillé, j’écris, je flâne dans ma tète, je me prépare.


La première fois que je suis venue à Dunkerque, je n’étais pas très enthousiaste, encombrée d’images du  Nord, de grisaille, de froid. Et puis, j’ai découvert une ville dont l’étendue est impressionnante. Ville entièrement détruite pendant la guerre,  reconstruite  au fil du temps, un patchwork  d’architectures, disparates. La ville n’en finit pas de se rénover, de repenser l’espace industriel abandonné, en habitats. Vision d’avenir…


Je suis allée voir la mer. Plage à perte de vue qui va jusqu’à la Belgique. Sable fin, cabine deauvillesque, promenade aménagée, maisons normandes sur le front de mer et le vent du nord.


L’accueil chaleureux des gens du nord contraste avec le ciel gris. Le café est toujours prêt, toujours chaud, toujours accompagné de gâteaux.  J’ai appris que le carnaval de Dunkerque occupe les habitants pendant deux mois. Pendant cette période, la fête est omniprésente : dans les rues, les quartiers.

Je vous écris du TGV 7566.


Dans quelques minutes nous arrivons à Paris-Gare du nord. Nous espérons que vous avez passé un agréable voyage…

 

vnf dunkerque cle09c24a-1

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commentaires

B
<br /> <br /> ah ça alors! je regarde ton blog ce soir, (c'est rare) et voilà que je tombe sur ma ville, celle où j'ai grandi, là où mes parents vivent encore..oui j'ai fait mes<br /> patés de sable, la bande de Dunkerque, des virées dans les dunes pour cueillir des mûres et me suis cachée dans les cabines avec mes premiers amoureux. ça m'a touchée, enfin que tu en parles<br /> joliment loin des poncifs de bienvenue chez les chti qui nous a tous vexés les vrais chti. <br /> <br /> <br /> "On dit que Dunkerque est mort, est mort et enterré, c'est pas vrai!.ah il fallait pas,il fallait pas que  que j'y aille, ah il fallait pas, il fallait pas<br /> y aller <br /> <br /> <br /> (On y prend goût)<br /> <br /> <br /> air du carnaval dunkerquois<br /> <br /> <br /> tu es des nôtres mais as-tu bu ton verre comme les au-autres?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Je suis très contente que tu y sois passée. Je te savias pas du Nord. Comme quoi une ballade de blog le soir donne parfois de belles surprises:))<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> bonjour<br /> <br /> <br /> ça me donerait presque envie de prendre le train pour...qu'importe...pour retrouver cette ambiance de gare que j'ai connu durant ma vie estudiantine...<br /> <br /> <br /> bon voyage à vous <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Le train ouvre la voie à sorir de ses rails. Toujours un plaisir...Allez roulez y a tout à voir<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé. Cette petite pause lecture m'a permis de m'évader hors de ma tour en verre...<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> L'Evasion ferroviaire...en imaginaire ...ou l'évasion par le blog<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Un voyage passionnant, même si je n'ai pas (encore)  le plaisir de connaître cette région en vrai !<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> Aralf<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Merci pour votre visite. Tout voyage me passionne quelque soit le novuel univers à découvrir, pafois même en Ile de france...<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> C'est splendide. Très très joli texte. Très fin, juste et poétique. On a envie d'y allaer. Je t'envie de te lever tôt, je rêve de pouvoir le faire. Ecrire dans ce silence là...<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Et devine ce matin de nouveau lever à 5h sans le vouloir alors j'ai écris dans le silence. J'avoue c'est une sensation très agréable.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Chatouillement de l'Âme
  • : Au gré de mes états d'âme j'écris des nouvelles en épisode, des haïkus, des phrasés. J'expose mes tableaux, je vous fais partager mes impression sur les films, les expositions, les livres et j'organise des concours de jeux d'écriture, tout ceci sur fond musical. partage de la musique
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