L’entre deux...
Née entre les deux,
Entre l’ainée et la cadette.
L’entre soi et l’autre, les autres,
Entre son intériorité et le monde,
Entre sa solitude et eux,
Entre chien et loup,
Entre ombre et lumière,
Entre son énergie matinale et sa flemme,
Entre les méandres de ses sentiments et les convictions de ses sens,
Toujours entre deux, elle se vivait tierce …
Dans cet interstice, comme deux plaques tectoniques, il y avait son univers, le sien qu’elle imaginait partagé par l’autre, les autres, tous ceux qu’elle chérissait.
L’entre toi et moi, dans une intimité complice.
Longtemps, elle avait cru à cette ligne du nous qui permettait, de ne pas douter de l’autre, de se comprendre sans se dire, de croire à l’évidence des sentiments, où chacun s’attache, s’accroche, s’arrime à l’autre ou à soi ?
Ancrée dans son existence, elle nourrissait son imaginaire, cultivait ses rêves, tous ces possibles qui prenaient forme dans son esprit, comme des hallucinations qu’elle pouvait capter un bref instant.
Aujourd’hui, elle se sentait plus libre d’aimer l’autre sans le posséder, de se sentir dans un lien fluide, sans clore son avenir. Elle jouissait de cette rencontre, conjuguée au présent. Elle pacifiait avec l’incertitude des lendemains. L’entre deux l’embarquait dans un ailleurs, enveloppée dans ses ardeurs.
Dans l’opacité du jour levant, elle décida que le temps qui lui était imparti
serait celui qu’elle se donnerait, dans la frénésie d’être avec, plutôt
qu’entre…
Ce matin là, dans le miroir, quelque chose avait changé. Un éclat
d’évidence éclaircissait ses yeux noisette.
LN