Arrivée à Venise par le train, le temps d’un songe au gré du roulis ferroviaire. Quand tu arrives directement de la gare sur la lagune, tu es pris par la beauté de toutes ces façades. Entre le silence des ruelles et le fracas qui sourde au bord du grand canal, retentissant des bateaux, gondoles, vaporetto, le temps semble suspendu.
Dans Venise est un poisson, petit guide personnel d’un auteur vénitien, Tizano SCARPA nous invite à une découverte, en errance dans VENISE , qu’il définit « comme une main courante ininterrompue en braille ». Se perdre est une bonne façon de découvrir la ville.
Chaque jour, sur les traces de Corto Maltese, nous arpentons à pied les rues, ruelles, places, nous extasiant à chaque détour de la lumière irradiant la pierre, ocre jaune ou rouge. Environ cinq heures de marche quotidienne, au cours desquelles nous nous sommes perdues puis retrouvées. Avec nonchalance, nous avons tourné sur nous-mêmes, emberlificotées dans les calli.
J’ai découvert le syndrome de Stendhal : grandir dans une surcharge de beauté. Chaque canal, campo, pont, exhale et irradie de beauté. Pas de froissement sur l’horizon du regard enchanté. Le bleu des canaux, chargé de soleil, éclate, se cognant aux ocres et rouges des façades. Le noir des gondoles s’éclaircit. Puis doucement le ciel se grise, la lumière argentée, évanescente, voile la cité.
Nous avons couru à Venise, près de l’Arsenal, sur le bord du canal. Jogging insolite, ponctué par les escalades des ponts, les escapades dans les jardins Garibaldi qui longent le quai.
Ici je me sens dans un ailleurs, sensuel, charmant où mes pensées coulent au fil de l’eau, au fil de l’humeur de Venise.