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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 18:04

Grise mine céleste.

Des perles de verre translucides  éclatent,  humides sur la terre verte.  Le bourgeon crème de la rose pointe  ses épines au Sud. Un pigeon s'ébroue, penché sur le rebord.  Sur la façade  rebondit les voix embrouillées de la marmaille de l'appartement d'en face.


Sur le reflet rose de sa main, elle écrit la rosée du matin.

Que viens tu taire? Où sont tes mots d'amour? Perdus dans l'horizon roulé d'hier?

 Le mur soutient l'homme, le tient droit. A la fenêtre, elle s'épanche. Dans la rigole, des débris suivent leur route. La fille tirade son amertume, dans le silence de ses mots murés. Muette, ses mains sur la rambarde,  le pied rythmé.  C'est le  vent qui avale ses paroles, les perd dans le lointain. Ses clefs cliquètent dans  le reflet rose de ses doigts.

 

Il s'avance, la prend dans ses bras jusqu'à la soulever. Avec surprise, il éclate d'un rire franc et tendre,  l'enroule dans le tourbillon de sa tendresse. Elle sourit,  s'abandonne. Elle reprend ses mots-silence, murmure:

 " Regarde, une trouée d'azur." 

 

LN

 

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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 11:58

Bienvenue sous la pluie du Samedi. Les sons brouillons d'une télé fracturent mes pensées embryonnaires. Je sens les gouttes de pluie qui rafraichissent la petite rose rouge de mon balcon. Tâche de couleur assombrie par le temps.

 

Les trois étages  de l'immeuble d'en face sont muets, figés. Rideaux fermés. Il ne se passe pas grand chose ce samedi dans le voisinage.

 

Un jour  pluie-riel,

Paisible,

Fluide,

 

Ca me dit.!

 


 La pluie a cessé...

 

LN


 

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:54

Aragon écrit Le paysan de Paris à l'age de 30 ans. Dans la veine surréaliste, il raconte une déambulation dans Paris, construit autour des descriptions précises des lieux, ponctuées des rêveries poétiques du narrateur. Ce roman lui a valu d'être fortement  critiqué par A.Breton qui lui reprocha une écriture construite et poétique, éloignée du surréalisme.

 

L'extrait moteur de la proposition d'écriture est celui où le narrateur s'arrête devant un coiffeur pour dames. L'auteur décline alors la blondeur,  dans toutes ces expressions.  La proposition d'écriture était de redonner couleur à une ou plusieurs expressions délavées par l'usage.

 

Ecrire spontanément en 30mn, dans le sillon d'Aragon, n'a pas été facile. Encore subjuguée par la beauté du texte, j'ai senti pendant quelques minutes, l'angoisse de la page blanche. Plus une seule expression  me vint à l'esprit. Puis je m'élançais à la première expression que je retrouvais...

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 Bête comme tes pieds. Toi qui cours, tu sais bien, tout comme moi, que tes dix doigts de pied, bien alignés dans tes mizuno, sont d'une intelligence fracassante. Qu'ils effleurent le bitume de la ville, caressent les chemins, épousent les rotondités, évitent les arrêtes des cailloux, ils élancent nos corps vers l'horizon. Quand nos ongles de pied n'en font quà leur tête, du bleu au noir, ils perdent pied et le coeur bat la chamade. Ces petons, charnus, un beau jour, nous ont propulsés sur les hauteurs du monde des grands.

 

Bête comme chou me va mieux. Un gros chou vert sans âme, délavé par la sécheresse, du vert blanchi au vert jaunâtre, d'un goût amer.

 

A ces sottises insensées, je préfère ces figures de style. Jolie comme un coeur qui  sied si bien à ces jeunes filles en fleurs, dont les joues se teintent de rose à l'éclat de cette phrase veloutée. Jolie comme un coeur, quelle élégance. Douceur de la métaphore. Quand lâme embrasse l'apparence.


En aparté, entre nous, beau comme un camion révélerait il l'homme qui les conduit ou les camions eux-mêmes. Ces engins lancés à vive allure, monstrueux, qui avalent la terre et transpercent les paysages. Effrayants, majestueux, ils renferment ces jolis coeurs, épinglés sous les regards furtifs des chauffeurs mal rasés.

 

Beau comme un appolon épouserait jolie comme un coeur et la terre deviendrait bleu comme une orange, dans le reflet de leurs yeux de chien battu. Emois en tourbillon.

 

Bête comme un répondeur sans message, bête comme un chien à trois pattes, une chaise à trois pieds.

Beau comme un coucher de soleil.

 

Un coeur d'artichaut a enlevé une jolie comme un coquelicot...

LN

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 11:15

" Ecrire c'est une respiration!"

Julien Green


Une semaine de formation à l'animation d'ateliers d'écriture, un temps suspendu, jubilatoire, foisonnant. Nous étions 10 à s'écouter, lire nos textes, questionner, chercher, écrire, rire, échanger nos trouvailles de lecture, s'émerveiller des écrits, si variés. Belle surprise cette aventure formative, à l'aube de mes vacances.

Je vous fais partager une de mes écritures, dont la proposition était: A  partir d'une incipit, laissez  filer,  aller à la rencontre de l' écriture  qu'elle appelle.

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 D'un seul coup, le ciel se minéralisa, il se fit schiste bleu de nuit.


Le silence se faisait tonitruant dans l'atelier. Elle s'arrêta, le geste suspendu et s'approcha de la fenêtre. La pluie, suspendue elle aussi, aux atermoiements des cieux.

- Un instant. Tu peux faire une pause.

Le modèle, un jeune homme timide, mit sa chemise  avec indolence. Il inspira une bouffée d'air, frôla l'artiste.

- Il va pleuvoir, c'est sûr.  

Elle ébaucha un sourire.

- Avant qu'il ne pleuve, je voudrais que tu t'installes sur la terrasse. Juste une pause de dix minutes. Le bleu, je veux trouver ce bleu.

- Je peux garder ma chemise?

- Bien sûr. 


Sa palette ressemblait à une terre lunaire sur laquelle des cratères de couleur se juxtaposaient. Bleu Roy, bleu turquoise, bleu de Prusse, un monticule de blanc, une touche de jaune. Séréna s'agrippa fermement à sa palette et d'un geste affirmé recouvrit le nu académique, à peine terminé. Son corps suivait la courbe de son pinceau. De quelques lignes noires, elle figura la silhouette du modèle en chemise bleu ciel, le détail du visage, les mains posées sur les accoudoirs, la tête légèrement penchée.


Quelque chose clochait.

Ce jeune homme l'agaçait, il était de trop.

- Tu peux rentrer, si tu veux, je vais poursuivre dehors.


Enfin seule. Il n'allait pas tarder à pleuvoir. L'odeur de la pluie s'insufflait déjà dans l'atmosphère humide. Son regard s'arrima au bleu nuit du ciel, qui devint noir. En un éclair, sa toile se couvrit de bleu Prusse. Elle ne maîtrisait plus son geste, les ellipses de ses pensées formaient un entrelacs de lignes, de courbes.

Il était là, derrière elle, à l'observer , sans le moindre souffle.

Elle creva la coquille de blanc avec son pouce, et impulsivement, une lumière émergea du bleu nuit de la toile.

Il osa -  Ca te ressemble.

En un quart de tour elle s'incrusta dans ses yeux.

- Tu peux me donner le tube de blanc?

Il acquiesça. Une coulée de lave blanche, toute fraîche  sortie du tube,  se déversa et inocula la matière bleuie. Elle avait trop chaud. Durant cette nuit là, sa frénésie l'emporta loin d'elle-même.


La pluie cinglait sur les vitres depuis déjà deux heures quand l'horloge afficha  6 heures. Le ciel était toujours aussi obscur, gris anthracite.


Quelque chose clochait.

Rémi s'était endormi sur le sofa, depuis longtemps. Elle avait achevé, pour un temps seulement, son œuvre. Elle se recula, chercha plusieurs points de vue pour regarder le tableau. Epuisée, saisie d'une certaine satisfaction, elle l'entendit lui chuchoter.

- Le jour ne se lève pas…

Ce serait le titre de sa peinture. Elle vacilla entre le mystère du bleu de Prusse et la frayeur de cette nuit immobile.


Bonne semaine

LN

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 19:25

Heureux soient les fêlés, car ils laissent passer la lumière...

 

Michel Audiard

 

 

 


 

 

A Voir...

LN

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 11:30

 

Regard perlé

 

Michel-Ange du Bouton,

Sa pupille embrassa le pistil doré.

 

Sous les sépales, le calice endormi.

Il en effleura la chaleur soyeuse.

 

La corolle printanière,

S'éveilla au délice,

  en fondue enchaînée...

 

LN

 

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Bonne journée

LN

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 08:05

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Écrire pour donner une forme à la fois à ce qui nous tenaille et nous échappe


Jean Bertrand  PONTALIS

Philosophe, Psychanalyste, écrivain

 Bonne journée

LN

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 00:00

 

 

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Lumière dorée,

  Fleurs de petits pois,

 

Écossés dans un  plein saladier,

 

Irisés sur pied,

Bourdons, abeilles,

Sifflent,

Les ailes en poupe.


Intermezzo champêtre...

 

 

Bonne semaine

LN

 

 

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 20:45

 

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Les veuves noires

  de Barbizon,

Perchées sur leurs hauts talons

 décoiffent les étudiants

en papier Canson.

 

La Chrysler de Marlon

crisse

l'air mi corazon.

 

Au café,

les tables peignent japonais.

 

Deux cyclopèdes se gaufrent

en roue libre,

sur les pavés de la Grande Rue.

 

Ln & Charlie

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 19:00

 

Brindilles  d'aurore 


La dentelle crépusculaire s'effiloche sur le ruban du dimanche.

Tête bêche, dans la fente de leurs yeux,

le reflet doré du couchant surligne le regard.

 

L'aube blanche submerge mon corps endormi.

Les pensées jaunes s'ouvrent,

Le lierre court sur l'ombre noire du Lundi.

 

Le temps compté conte les mille et nuits

Shéhérazade a disparu.

 

LN

 

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  • : Chatouillement de l'Âme
  • : Au gré de mes états d'âme j'écris des nouvelles en épisode, des haïkus, des phrasés. J'expose mes tableaux, je vous fais partager mes impression sur les films, les expositions, les livres et j'organise des concours de jeux d'écriture, tout ceci sur fond musical. partage de la musique
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